Comptes consolidés : comment gérer un changement de devise ?


Les comptes consolidés permettent d’obtenir une vision globale sur la situation patrimoniale et financière d’un groupe de sociétés et de mener une analyse de son activité. Lorsque le groupe opère à l'international, le processus de consolidation intègre une dimension supplémentaire : la conversion des comptes établis en devises étrangères dans la devise de consolidation choisie.

Un changement de devise de consolidation, qu'il soit motivé par une réorganisation du groupe ou par des considérations stratégiques, nécessite une adaptation de l'ensemble du processus. Cette modification impacte non seulement la conversion des données historiques, mais aussi les méthodes de retraitement des opérations intra-groupes et le suivi des écarts de conversion. La maîtrise de ces aspects techniques est essentielle pour garantir la fiabilité des comptes consolidés et leur comparabilité dans le temps.

Les fondamentaux des comptes consolidés : de l'obligation légale à la gestion volontaire

Les comptes consolidés représentent l'agrégation des états financiers de plusieurs sociétés appartenant à un même groupe, après élimination des opérations réalisées entre ces sociétés.

Le processus de consolidation comporte plusieurs étapes afin de retraiter les comptabilités (bilan et résultat) des sociétés membres du groupe, dont la première consiste à regrouper les données en les additionnant, puis à corriger certains postes afin d’éviter les doublons internes au groupe.

Cette consolidation permet d'obtenir une vision économique globale du groupe, comme s'il ne formait qu'une seule entité. La véritable santé financière du groupe peut ainsi être évaluée, au-delà des performances individuelles de chaque société.

Le cadre réglementaire de la consolidation en France

En France, la consolidation est une obligation légale qui recouvre tout un dispositif visant à aider au pilotage financier des groupes. A partir du moment où une entreprise exerce un contrôle ou une influence notable sur une ou plusieurs autres sociétés, l’obligation de comptes consolidés s’applique, dès lors que le groupe dépasse deux des trois seuils suivants :

  • Un chiffre d'affaires consolidé de 48 millions d'euros ;
  • Un total bilan consolidé de 24 millions d'euros ;
  • Un effectif moyen de 250 salariés.

La consolidation de gestion : un choix stratégique

De nombreux groupes n'atteignant pas ces seuils optent pour une consolidation volontaire, appelée consolidation de gestion, ou reporting groupe. Cette démarche peut répondre à plusieurs objectifs :

  • Optimiser le pilotage financier du groupe ;
  • Faciliter les négociations bancaires ;
  • Préparer une levée de fonds ;
  • Anticiper la croissance future.

Les différentes méthodes de consolidation

L'intégration globale : le contrôle exclusif

L'intégration globale s'applique lorsque la société mère exerce un contrôle exclusif sur sa filiale. Ce contrôle est présumé lorsque la société détient directement ou indirectement plus de 50% des droits de vote. Il peut également exister en cas de détention comprise entre 40% et 50% des droits de vote, si la société mère dispose seule du pouvoir de nommer la majorité des dirigeants pendant deux exercices successifs. Dans ce cas, l'ensemble des actifs, passifs et éléments du compte de résultat de la filiale sont intégrés à 100% dans les comptes consolidés, avec identification de la part revenant aux actionnaires minoritaires.

L'intégration proportionnelle : le contrôle conjoint

Cette méthode s'applique lorsque le contrôle d'une entreprise est partagé entre un nombre limité d'associés, avec un accord contractuel organisant la direction commune. Le contrôle conjoint suppose un accord unanime des partenaires pour les décisions opérationnelles, financières et stratégiques. Dans cette situation, chaque co-entrepreneur intègre dans ses comptes consolidés sa quote-part dans les actifs, passifs et éléments du résultat de l'entreprise contrôlée conjointement.

La mise en équivalence : l'influence notable

L'influence notable est caractérisée par le pouvoir de participer aux décisions de politique financière et opérationnelle d'une entreprise, sans en avoir le contrôle. Elle est présumée lorsque la société consolidante détient directement ou indirectement entre 20% et 50% des droits de vote. Dans ce cas, seule la quote-part des capitaux propres et du résultat net correspondant au pourcentage de détention est intégrée dans les comptes consolidés.

La conversion des comptes en devises étrangères

La conversion des comptes d'une filiale étrangère nécessite l'application de taux de change différenciés selon la nature des éléments à convertir. Le bilan est converti au taux de clôture, à l'exception des capitaux propres qui sont maintenus au taux historique. Le compte de résultat est converti au taux moyen de la période, sauf si des variations significatives de change justifient l'utilisation de taux différenciés.

Traitement des écarts de conversion

Les différences de change résultant de ces conversions sont inscrites dans les capitaux propres consolidés sous la rubrique "écarts de conversion". Ces écarts doivent faire l'objet d'un suivi rigoureux, notamment en cas de cession ultérieure de la filiale, car ils impacteront alors le résultat de cession.

Comptes consolidés et changement de devise

Méthodologie de conversion des comptes consolidés

  1. Choix des taux de conversion
    • Taux historique pour les capitaux propres
    • Taux moyen pour le compte de résultat
    • Taux de clôture pour les éléments du bilan.
  2. Traitement des écarts de conversion
    • Identification des impacts sur les capitaux propres
    • Analyse des variations de change
    • Documentation des écarts.
  3. Retraitement des opérations intra-groupes
    • Réconciliation dans la nouvelle devise
    • Élimination des marges internes
    • Ajustement des flux réciproques.

Gestion du changement de devise : points de vigilance

  • Anticipation des impacts sur les covenants bancaires
  • Communication claire avec les parties prenantes
  • Formation des équipes aux nouvelles procédures
  • Mise en place d'outils de suivi des variations de change

Cas pratique : l'expertise Share.d en action

Un groupe industriel français spécialisé dans la technologie mobile, client de Share.d et qui opère dans plus de 40 pays, a récemment dû modifier sa devise de consolidation suite à la reconfiguration de ses activités, passant du dollar américain (USD) à l'euro (EUR). Ce changement de devise avait déréglé les retraitements de consolidation ; c’est la fiabilité des états financiers du groupe qui était directement impactée. Et la direction financière manquait de ressources et d'expertise pour procéder aux ajustements.

Les enjeux étaient multiples :

  • Conversion des historiques financiers
  • Gestion des écarts de conversion
  • Impact sur les ratios financiers du groupe.

Le manager de transition de Share.d est intervenu en 3 temps :

  • Extourne des écritures automatiques incorrectes passées par l'outil comptable.
  • Ajustement des écritures de consolidation dans la nouvelle devise.
  • Vérification de l'exhaustivité des retraitements et ajustements.

Principaux résultats

  • Fiabilisation des états financiers consolidés en EUR.
  • Mise à jour des processus de consolidation pour refléter la nouvelle devise.
  • Une transition efficace avant le recrutement d'un contrôleur financier.

"L'accompagnement sur le changement de devise de consolidation a nécessité de la réflexion, de solides compétences techniques et du pragmatisme" a précisé le Group CFO. 


Vers une consolidation maîtrisée

La gestion des comptes consolidés, particulièrement en cas de changement de devise, nécessite une expertise technique pointue et une méthodologie rigoureuse. Pour les groupes en croissance, même en l'absence d'obligation légale, la mise en place d'une consolidation de gestion constitue un investissement stratégique.

L'accompagnement par des experts, comme les consultants Share.d, permet de sécuriser ce processus complexe et d'en faire un véritable outil de pilotage financier.

L'anticipation et la maîtrise des aspects techniques de la consolidation, notamment la gestion des devises, deviennent des compétences essentielles pour les directions financières modernes, confrontées à une internationalisation croissante de leurs activités.

Les comptes consolidés permettent à nouveau d'apprécier la situation financière globale, de simplifier la lecture des flux financiers et de comprendre la contribution de chaque entité à la performance du groupe.


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